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Pour un autre futur !


6/ De 1945 à nos jours

Publié le 14 Décembre 2012, 12:30pm

6/ De 1945 à nos jours

Avril-mai 1945, élections municipales, les femmes votent pour la première fois.

21 octobre 1945, référendum pour élire une assemblée :

PCF : 26,1 %

MRP : 25,6 %

SFIO : 24,6 %

Les partis marxistes disposent de la majorité absolue des sièges à l’Assemblée constituante.

13 novembre 1945, la nouvelle assemblée élit De Gaulle chef du gouvernement.

20 janvier 1946 : De Gaulle démissionne.

La constitution de 1946 reconnaît le droit syndical, le droit de grève et pose le principe de la Sécurité Sociale. La constitution crée dans son préambule une obligation constitutionnelle d’assistance financière de la collectivité envers les citoyens, et notamment les personnes exposées aux risques sociaux les plus importants : mères, enfants, vieux travailleurs. (C’est sous l’influence du député communiste Ambroise Croizat, secrétaire général de la fédération CGT des travailleurs de la métallurgie, futur ministre du travail et de la Sécurité Sociale, que la réflexion s’élabore.)

4 octobre 1945 : le texte de l’ordonnance de la Sécurité Sociale : il est institué une organisation de la Sécurité Sociale destinée à garantir les travailleurs et leurs familles contre les risques de toute nature susceptible de réduire ou supprimer leur capacité de gain, à couvrir les charges de maternité et les charges de famille qu’ils supportent.

1945 : nationalisation des houillères, la marine marchande, Renault, la construction aéronautique avec Gnome-et-Rhône, les transports aériens et 4 banques de dépôt.

1946 : nationalisation du gaz et de l’électricité.

La CGT est modérée dans ses actions revendicatives, les communistes déconseillent toutes grèves.

Mécontents du blocage des salaires, alors que les prix augmentent, les travailleurs de la base déclenchent des grèves : janvier 1946 grève des rotativistes, juillet 1946 grève des PTT.

Le Plan Marshall

Le 5 juin 1947, le secrétaire d’Etat américain propose à l’Europe, épuisée par la guerre, un programme de reconstruction économique.

L’aide américaine est prévue pour 4 ans avec 85 % d’aide gratuite et 15 % de prêts à long terme assortie d’une orientation politique européenne de Coopération Economique (OECE).

Les USA déclenchent la guerre froide. Le 12 mars 1947, Truman lance sa campagne de « résistance de la subversion ».

Avril 1947, grève chez Renault.

Présents dans le Ministère Ramadier, qui condamne la grève, les ministres communistes la soutiennent.

14 mai 1947, les ministres communistes sont exclus du gouvernement (en Italie et en Belgique également).

12 et 13 novembre 1947, la CGT en majorité communiste condamne le plan Marshall.

27 novembre, Frachon constitue, sous sa présidence, un Comité National de grève de la CGT avec 20 fédérations à direction communiste. Une vague de grèves s’abat sur le pays : mines, métallurgie, chemin de fer, EDF. La grève est un échec, le Comité National de grève lance l’ordre de reprise général du travail.

Jules Moch (SFIO, ministre de l’intérieur), dissout un certain nombre de compagnies de CRS.

Décembre 1947, création de CGT-FO : en bénéficiant de l’aide américaine du syndicat « American Federation of Labor ». Belgique, Allemagne et Italie sont frappées également par des scissions syndicales. La CGT perd de son influence.

1948 : Grève des mineurs

Septembre 1948 : annonce de la mise en place des décrets Lacoste, sans négociation. Ils prévoient une baisse des rémunérations, le transfert de la gestion des accidents du travail et maladie des mains des sociétés de secours minières à la direction des houillères et la diminution de 10 % des effectifs de jour.

Le 4 octobre, 340 000 mineurs sont en grève dans toute la France, le mouvement durera 56 jours ;

Le 7 octobre, le mineur Jansek, de Merlebach, meurt sous les coups de crosse des CRS.

Les forces de l’ordre occupent les bassins.

La FNSS (fédération nationale des travailleurs du sous-sol) fait suspendre pendant 24 heures les mesures de sécurité qui empêche les puits d’être noyés et donc d’être hors d’usage.

Le 19 octobre, les CRS investissent les camps des mineurs nord-africains et conduisent de force les ouvriers à la mine.

L’armée est envoyée.

22 octobre, 7 puits de Montceau-les-Mines sont réoccupés par les grévistes (100 CRS sont fait prisonnier et libérés le lendemain).

Le conseil des ministres donne l’ordre de tirer et décide l’expulsion des travailleurs immigrés qui manifestent.

Le secrétaire de la FNSS (Duguet) est arrêté et condamné à 4 mois de prison.

La presse en majorité soutien la répression.

Un mouvement de solidarité important se développe en France et à l’étranger (accueil des enfants de mineurs).

60 000 CRS et soldats sont envoyés dans les bassins pour réprimer la grève.

2 000 licenciements, 5 morts et de nombreux blessés parmi les mineurs.

La grève se termine le 28 novembre 1948, les mineurs n’ont pas obtenu l’abrogation des décrets Lacoste.

Le pluralisme s’établit progressivement : dès 1944, la confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), qui a acquis dans la résistance une légitimité et un appui populaire nouveau, refuse l’unité organique avec la CGT. La confédération générale des cadres, constituée dès le 15 octobre 1944, est reconnue comme représentative en 1946 et signe un accord sur les retraites complémentaires des cadres en 1947, les enseignants créent la Fédération de l’Education nationale. Des syndicats catégoriels se constituent, comme à la SNCF ou à la RATP.

Le plein emplois permet aux travailleurs de faire grève avec assurance.

Loi du 11 février 1950 sur les conventions collectives nationales, régionales ou locales, possibilité d’accords d’entreprise en matière de salaire.

Loi 1950, institution du salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG).

Loi du 18 juillet 1952 établissant l’échelle mobile des salaires.

La guerre coloniale que la France mène au Vietnam engloutit des hommes par milliers, du matériel et des munitions par milliards. En moins de 3 ans le budget militaire a doublé et représente 35 % du budget de l’Etat.

Eté 1953, l’assemblée nationale vote des pouvoirs spéciaux à Joseph Laniel qui dirige le gouvernement par décrets-lois (des lois qui ne sont ni discutées ni votées par le parlement). Il entend imposer ainsi un recul de 2 ans de l’âge de départ en retraite de tous les fonctionnaires, qui est alors de 65 ans pour les services sédentaires et de 58 ans pour les services actifs, et la suppression d’un certain nombre d’emplois.

Le 4 août, les postiers de FO de Bordeaux lancent un ordre de grève illimité. Ils sont bientôt suivis par la CGT et la CFTC.

1,6 million de fonctionnaires, 400 000 cheminots et 100 000 agents de l’EDF, cessent de travailler pendant près de 15 jours.

Le gouvernement tente de faire preuve de fermeté. Des ordres de réquisition fondés sur un décret datant de 1938, relatif à la sécurité du territoire en temps de guerre, sont adressés à des cheminots et à des postiers. Des tribunaux prononcent des condamnations. De la prison ferme, 8 jours pour 5 agents de la centrale téléphonique internationale de Paris, 6 jours avec sursis pour 2 facteurs chefs de Lyon…

Le gouvernement renonce à l’ensemble de ses projets.

1955, grèves des chantiers navals de Nantes et de Saint Nazaire.

Le 1er août 1955, à Saint-Nazaire, à la suite d’une maladresse de la direction (le retour à la semaine des 40 H sans majoration donc sans rattrapage de salaire), une véritable émeute éclate : les locaux de la chambre syndicale patronale sont saccagés, un local est incendié.

Tous les métallurgistes de la région soutiennent aussitôt les salariés des chantiers navals de Penhoët.

Le conflit professionnel et régional est mené dans l’unité et est un succès. Des négociations s’engagent, appuyées par la médiation des pouvoirs publics. Finalement, malgré plusieurs tentatives de lock-out, la direction cède : elle accorde une augmentation de salaire de 22 %.

La victoire a un énorme retentissement dans la région (à Nantes, à l’issue de violentes bagarres au cours desquelles un jeune manifestant est tué et après 50 jours de lutte, les grévistes obtiennent 25 % d’augmentation, le patronat en proposait que 3%) mais aussi dans les autres chantiers navals, à Dunkerque, au Havre, à Rouen, à Brest, à Bordeaux et dans beaucoup de secteurs de la métallurgie du Nord et de l’Est.

Dans le textile, la construction navale, les charbonnages, les débrayages sont nombreux, mais de courte durée. Seul, le conflit des mineurs de Decarzeville de décembre 1961 à février 1962 fait exception : l’enjeu dépasse le maintient en activité des puits de mine mais concerne la survie économique de toute la région.

La politique du gouvernement et du patronat est de tenter de donner de plus en plus de place aux syndicats dans les organismes de préparation du Plan, de les amener à avoir une « politique contractuelle ».

Les accords Renault de 1955 et 1962 sur la 3ème puis la 4ème semaine de congés payés, qui sont ensuite étendus à la métallurgie, rentrent bien dans cette nouvelle stratégie de l’Etat vis-à-vis des syndicats. L’Etat pousse les syndicats à réclamer la généralisation de ces congés payés (ce qui coûte moins cher au patron) et à ne discuter, lors des rencontres des conventions collectives nationales, que du montant du salaire minimum, les salaires réels étant discutés entreprise par entreprise.

Loi du 27 mars 1956 portant à 3 semaines la durée des congés payés.

Loi du 23 juillet 1957 instituant le « congés éducation » qui permet aux centrales ouvrières de mieux assurer la formation de leurs militants.

31 décembre 1958, accord UNEDIC : est signé la convention collective tant par l’Union Nationale pour l’Emplois dans l’Industrie et le Commerce que les ASSEDIC qui en sont les organismes régionaux payeurs qui va permettre d’accorder aux chômeurs des subsides plus importants pour mettre fin à un régime d’assistance moralement possible.

29 décembre 1962 : un accord est signé à la régie Renault par l’ensemble des syndicats instituant la 4ème semaine de congés payés.

De 1960 à 1963, le secteur public s’est mis en mouvement pour tenter de rattraper le secteur privé ; la détérioration progressive du niveau de vie des travailleurs provoque une série de conflits :

Janvier 1959 grève des cheminots menacés par la réquisition

1960 : grève de 24 h des cheminots et des fonctionnaires

Avril 1962 : grève des cheminots lancée par le dépôt d’Avignon

Mai 1962 : grève de 24 h à EDF

Décembre 1962 : grève de 24 h des ouvriers des ateliers de réparation de la RATP

19 décembre 1961 – février 1962 : mineurs de Decazeville en grève pour protester contre les conditions de reclassement. La grève dure 64 jours et bénéficie d’une immense solidarité au niveau local. 12 conseillers municipaux se Decazeville et 307 maires de l’Aveyron démissionnent par solidarité. Ils n’obtiennent rien.

Mars-avril 1963, grève des mineurs. Ce sont les salaires qui provoquent chez les mineurs un des conflits les plus longs de l’histoire : un mois. Il y a unité syndicale (CGT, FO, CFTC). Selon les syndicats, le retard des rémunérations des mineurs atteint 11 % par rapport au secteur privé. Après plusieurs escarmouches en janvier et février, le gouvernement annonce la réquisition des mineurs. Malgré cette menace, la grève est totale. Le mouvement a la sympathie de l’opinion. Le 13 mars, le gouvernement, qui n’a pas voulu céder, est cependant contraint de confier à trois sages le soin d’établir un rapport pour mesurer le retard pris par les salaires des mineurs. Ceux-ci constatent un retard de 8 % que le gouvernement accepte de rattraper par étapes.

Le gouvernement pour éviter un nouvel affrontement d’une certaine ampleur, fait voter une loi interdisant les grèves surprises dans les secteurs publics et imposant 5 jours de préavis à tout mouvement de grève dans ce secteur.

L’aggravation de la situation en Algérie en 1956, puis de l’instauration de la Vème république en 1958, les luttes professionnelles s’effacent derrière l’affaire algérienne. Les conflits ne disparaissent pas, mais passent au second plan.

Par de petits communiqués habiles, De Gaulle apparaît comme le seul homme capable de calmer l’insurrection algéroise et de redresser les destinées du pays. Jonglant avec la menace d’une intervention en force des parachutistes d’Algérie, il impose aux hommes politiques son investiture officielle comme chef du gouvernement.

Devant la menace d’une prise de pouvoir par l’armée, René Coty transmet le pouvoir exclusif à De Gaulle le 1er juillet 1958.

Unis aux grandes heures où sont menacées les libertés et les institutions républicaines ; les organisations syndicales, malgré leur opposition au régime du général De Gaulle, n’hésitent pas à le soutenir dans son action pour la paix en Algérie, notamment au moment de la journée des barricades et du putsch des généraux.

Janvier 1960, semaine des barricades. La CGT, la CFTC et la FEN réunies à l’initiative de l’UNEF, déclarent qu’ « à toutes tentatives de coup de force en France, ils répondraient par un ordre de grève générale ».

1er février 1960 : un arrêt de travail symbolique est décidé.

Avril 1961, après la tentative de putsch des grandes confédérations soutiennent le gouvernement par une grève générale de 1 h très largement suivie.

A la fin de l’année 1961, le développement du terrorisme OAS provoque la constitution d’un front syndical entre la CGT, la CFTC l’UNEF et la FEN.

8 février 1962, manifestation en faveur de la paix an Algérie, 8 militants syndicalistes sont tués au métro Charonne à la suite d’une échauffourée avec la police (préfet Maurice Papon). Les gardiens du régime CRS ou gardes mobiles, ont un jour ou l’autre mis le pied en Algérie. Ils sont pour l’Algérie française. La police parisienne est composée d’anciens parachutistes.

La population française est choquée, entre 500 000 et 1 million de parisien assistent aux funérailles des victimes.

MAI 1968

C’est un des épisodes majeurs de la contestation globale de l’Etat par la société civile.

Initialement, les objectifs du mouvement impulsé par les étudiants, ne sont ni corporatiste (pour obtenir des avantages sociaux) ni politique (renverser le général De Gaulle). Ils visent d’abord à repenser les rapports entre la société civile et la société dirigeante, sur tous les plans : politique, économique et culturel. Mai 68 exprime la révolte d’une société qui n’a aucune participation au pouvoir.

La crise a traversée 4 étapes nettement distinctes :

1.Du 3 au 14 mai, le mouvement étudiant, jusqu’alors limité à Nanterre, s’amplifie brusquement, gagne l’ensemble du pays, et, après les combats de rues, la nuit du 11 mai et la manifestation du 13, culmine dans l’occupation généralisée des universités.

C’est le comportement provocateur des instances universitaires, liées pour l’occasion à l’appareil juridique, qui va mettre le feu aux poudres, et être à l’origine d’un long conflit. C’est ainsi que Daniel Cohn-Bendit est appelé à comparaître devant la commission contentieuse et disciplinaire de l’Université de Paris le 6 mai. Cette alliance de fait entre la police, la justice et l’université est préoccupante. Les deux motifs de poursuites doivent permettre de condamner un individu sur ses intentions et non sur ses actes.

Le pouvoir n’apprécie pas le rôle des stations radio. A la tribune de l’Assemblée, le premier ministre Georges Pompidou s’attaque au rôle difficilement évitable des radios qui, sous prétexte d’informer, « enflamment quand elles ne provoquent pas. Entre la diffusion de renseignement et la complicité, entre le soucis de recueillir les explications des manifestants et l’appel à la manifestation, il n’y a qu’un pas qui fut franchi parfois allégement ».

Le 11 mai en fin de matinée les producteurs de plusieurs émissions de télévisions à l’ORTF publient un communiqué dénonçant la « scandaleuse carence d’informations » dont à fait preuve le service public. Ce sont les prémices de la grève de l’ORTF qui va paralyser la maison ronde pendant plusieurs semaines.

2.Du 15 au 27 mai, commençant à Sud-Aviation (Nantes), des grèves spontanées avec occupation des locaux éclatent et s’étendent rapidement. Ce n’est que l’après-midi du 17, après des débrayages spontanés chez Renault-Billancourt, que les directions syndicales sautent dans le train en marche, et parviennent à prendre le contrôle du mouvement pour conclure finalement avec le gouvernement les accords de Grenelle.

En cette seconde quinzaine de mai, le mouvement de grève commence à prendre les allures d’une grève générale, et bien souvent sans que la CGT en ait pris l’initiative. Georges Séguy revient sur son idée fixe, la division entre les étudiants et les travailleurs. Ce qui est malgré tout étonnant car dans les usines occupées, les grilles sont fermées pour empêcher tout contact entre les représentants des étudiants en lutte et les grévistes. Le 20 mai, lors d’un meeting à la régie Renault, à Billancourt le secrétaire général de la CGT lance un nouvel avertissement : « toute entreprise de diversion, tout mot d’ordre irresponsable, aventurier et provocateur, tel celui d’insurrection, qui risquerait de dénaturer le caractère revendicatif et démocratique de notre lutte, et nous aliènerait nos alliés ne peuvent que faire le jeu du gouvernement et du patronat, à l’affût de la moindre occasion de sévir violemment contre les travailleurs ».

Pour garder le contrôle des grèves, la CGT renonce au comité central de grève et au dialogue avec les personnes extérieures aux entreprises, particulièrement avec les étudiants durement accueilles aux portes des entreprises, ainsi à celles de Renault.

Le 24 mai le ministre des postes et télécommunications suspend l’autorisation pour les journalistes d’utiliser leur radiotéléphone. (Limiter l’information immédiate, limiter le nombre de manifestants).

C’est le ministre de l’intérieur, Christian Fauchet, qui, le même jour, lance un appel à la population : « … De plus en plus, des éléments troubles, qui ne sont pas des étudiants, se mêlent aux manifestants, de plus en plus, ils échappent au contrôle singulier des organisateurs. Il ressort, d’autre part, d’informations sûres, qu’un certain nombre d’extrémistes armés comptent utiliser les prochaines manifestations pour déclencher délibérément des actions violentes. Ils espèrent qu’une fois engagée, l’escalade de la violence ne pourra plus être maitrisée.

Devant ce danger, le ministre de l’Intérieur appel instamment et solennellement les responsables, les chefs de familles, les enseignants, les étudiants, les lycéens, à réfléchir et à ne pas se mettre inconsidérément aux côtés des provocateurs. »

La CGT est bien décidée à conduire les négociations tripartites de Grenelle (patronat, gouvernement, syndicat) jusqu’à leur termes et a en faire approuver les conclusions par les salariés. Le 27 mai, à 7 h du matin, le protocole d’accord est rendu public, sans qu’il y ait de ratification définitive de l’accord.

Chacun comprend que 10 jours après la généralisation de la grève, la tentation est forte de siffler la fin du combat et d’en conserver les bénéfices syndicaux et politiques. Ce  ne sera pas le cas puisque 7 000 000 de grévistes des usines, des services et des administrations continuent le plus grand mouvement qu’a connu la France.

3.Du 28 au 30 mai, après le rejet brutal par les travailleurs des accords de Grenelle, directions syndicales et partis « de gauche » essayent de transposer les problèmes au niveau « politiques », cependant que la décomposition de l’appareil gouvernemental et étatique arrive à son comble.

Georges Séguy s’est présenter devant les travailleurs pour leur faire accepter des pures et simples promesses et, à part l’augmentation du SMIG qui ne concerne, salariés agricoles compris, que 7 % environs des salariés, un « accroissement » de salaires en fait négatif. Les 10 % accordés ne sont en fait que 7,75 % (puisque les 7 % s’appliquent aux ¾ de l’année et les 10 % seulement au dernier ¼) hors chaque année, sans grèves, les taux de salaires augmentent en France de 6 % en moyenne d’après les statistiques officielles – et les gains effectifs (comprenant les primes, le « glissement hiérarchique, etc.) de 7 %. On aurait donc fait une grève générale de 15 jours pour obtenir un avantage de 1 ou 2 % ? Même pas ; car le non-paiement des jours de grèves rend cette marge négative (une quinzaine non payée diminue de 4 % le salaire annuel). Cela, sans parler de ce qui avait été, depuis 9 mois, pris par l’Etat aux salariés, d’abord avec les ordonnances sur la Sécurité Sociale (l’augmentation des cotisations et la diminution des prestations sont officiellement estimées à environs 1 % de la masse salariale) et ensuite avec l’extension de la TVA au commerce de détail (qui a provoqué en janvier une hausse des prix de 1 % supérieure à la « normale »). Sans parler encore de la hausse des prix à laquelle procédera le patronat sous le prétexte de cette hausse imaginaire des salaires ; sans parler surtout de l’augmentation de la « productivité », c'est-à-dire de l’accélération des cadences, dont il proclame déjà la nécessité.

4.A partir du 31 mai, les couches dominantes se ressaisissent, De Gaulle dissout l’Assemblée et menace les grévistes. Communistes, fédérés et gaullistes sont d’accord pour jouer la farce électorale, cependant que les directions syndicales retirent les « préalables » généraux à la négociation et tentent de conclure au plus vite des accords par branches. La police entreprend la réoccupation des locaux de travail, en commençant par les services publics.

Le Général De Gaulle va offrir, la porte de sortie par sa déclaration du 31 mai, qui ouvre la quatrième étape de la crise. Derrière sa rhétorique menaçante il promet aux politiques de les laisser recommencer le jeu qui est le leur : les élections. D’où le soulagement de la « gauche » après le discours de De Gaulle. Peu importe si celui-ci profite de la situation pour corrigé sa bévue référendaire (51 % de non au référendum faisait 51 % de non ; 51 % de vote pour l’opposition au élections donneront en fonction du découpage électoral, encore une majorité UNR-indépendants sans parler de la possibilité au centre et même à gauche l’ « éventail parlementaire la Pompidou ». la complicité est totale, de Pompidou à Waldeck Rochet, en passant par Mitterrand et Mollet, pour porter au plus vite les problème sur le faux terrain où ils savent très bien qu’ils ne pourront être ni résolus ni même posés : le terrain parlementaire. Aussitôt, c’est la débandade des « directions solides et éprouvées des la classe ouvrière ». Cette « grande force tranquille » qu’est la CGT, d’après Séguy, laisse réoccuper les lieux de travail par la police. Les centrales syndicales retirent le « préalable » de l’abrogation des ordonnances parce que, comme l’explique à la radio Séguy le 31 mai, Pompidou lui a affirmé que cette matière est de la compétence de l’Assemblée nationale et que celle-ci étant dissoute ne peut plus en discuter.

Le 30 mai : De Gaulle annonce qu’il se maintiendra au pouvoir par tous les moyens, y compris la guerre civile. L’armée se déploie autour de Paris. Le mois de juin voit refluer le mouvement. Le 14, il reste cependant un million de gréviste. Mais les syndicats réussissent un peu partout à faire reprendre le travail.

Il y avait trois fois plus de grévistes qu’en juin 36. Hors en 36 les grévistes avaient obtenu immédiatement la semaine des 40 heures et 2 semaines de congés payés, des droits syndicaux considérables et une augmentation substantielle des salaires effectifs (35 à 40 %).

Mai 68 a eu pour conséquence d’intensifier et de diversifier l’organisation de la société civile, notamment d’accélérer la formation de mouvements sociaux.

Les évènements de mai 68 s’inscrivent dans une vague de contestation commune à tous les pays développés et mettent en cause les fondements même de la société industrielle : critique du monde capitaliste, de la société de consommation ainsi que les valeurs bourgeoises et de l’ordre moral.

Loi 17 mai 1969 de la quatrième semaine de congés payés.

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