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Pour un autre futur !


1891 Massacre de fourmies

Publié le 16 Mai 2014, 05:55am

1891 Massacre de fourmies

Massacre à Fourmies, 1er Mai 1891

La fusillade de Fourmies, une trentaine de manifestants improvisent un défilé, drapeau rouge en tête.

La manifestation se termine, le drapeau est roulé, les manifestants se dispersent.

Le commissaire Labussière donne l’ordre de s’emparer de l’emblème.

Des coups de feu sont échangés.

3 anarchistes sont arrêtés et brutalisés sauvagement.

« L’anarchie en cour d’assises : tel est le titre d’une brochure d’un des propagandistes libertaires les plus importants, Sébastien Faure. Elle est consacrée aux débats de la cour d’assises de la Seine, le 28 août 1891.

D’un côté 3 anarchistes, Decamps, Dardare, et Léveillé. En face : les magistrats Benoit, président de la cour d’assises et Bulot avocat général.

Massacre à Fourmies, 1er Mai 1891

G. Clemenceau : « il y a quelque part, sur le pavé de Fourmies, une tâche innocente qu’il faut laver à tout prix… Prenez garde ! Les morts sont de grands convertisseurs, il faut s’occuper des morts. »

Jean-Paul Sartre : « oui, c’est ainsi qu’on les aime, les travailleurs, mains nues, bras ouverts. Qu’il était beau, le peuple, à Fourmies, le 1er mai 1891 : pas de troupes de choc, alors, ni d’organisations paramilitaires : des gens dans la rue, beaucoup de gens, en désordre. Des enfants, du muguet, une jeune fille tenait une branche de gui. Les soldats du commandant Chapus purent viser sans hâte et tirer à bout portant.

Peut-être ces commodités reviendront-elles. »

Avril 1891, Paul Lafargue est à Fourmies, il représente le parti ouvrier. Avec les meneurs locaux, tel Hippolyte Culine, ils dénoncent les agissements des républicains contre la loi des 10 heures et poussent les ouvriers à s’organiser rapidement pour faire front au patronat.1

Lafargue : « Camarades, unis de cœur, de volonté et d’action avec vos frères de travail des deux mondes, vous manifesterez le 1er mai, en désertant l’atelier et en signifiant à ceux qui ont la prétention de vous représenter, que vous voulez une législation protectrice basée sur la journée de 8 heures. » 2

Il est décidé, qu’une délégation, déposera à la maison commune un ensemble de revendications dont les plus importantes sont : « la journée de 8 heures » et l’ « amélioration de l’hygiène dans les ateliers ».3

La presse en général soutient le patronat ; comme le prouve le 24 mars 1889 « la Tribune », qui est le journal de François Boussus (le patron du textile le plus influent de la région) : un article vante les mérites des industriels qui ont su rivaliser avec la concurrence étrangère, il est dit également que la lutte ouvrière est néfaste pour les ouvriers eux-mêmes, que la grève aggrave leur situation.4

Répartition des bénéfices de l’entreprise Boussus : les bénéfices annuels, après un intérêt de 5 % au capital, sont répartis à raison de 70% à Boussus père, 10% à Boussus fils et à chacun des Wittier, les deux derniers associés. L’essentiel du capital, 6 millions de Francs, est la propriété personnelle de Boussus pour 5,4 millions de Francs. Chacun des associés perçoit un appointement annuel de 12000 francs à raison de 1000 francs par mois : somme énorme quant on sait que le plus payé théoriquement des ouvriers textile, le rentreur, avec 6,50 francs par jour selon les déclarations patronales gagne 195 francs par mois, maximum rarement atteint en raison des abattements liés aux amendes.5

Le travail est dur dans les ateliers du textile, le travail est ingrat parce qu’il est mal payé. On y trouve des enfants, âgés de 12 ans, qui sont employés 11 heures par jour. Légalement (loi 1892), les enfants âgés de 12 à 15 ans ne peuvent travailler plus de 10 heures par jour. Mais Boussus et Legros (autre patron et gendre de Boussus) obtiennent une dérogation en 1894.6

Le salaire peut être réduit des ¾ à cause de la mise en place du système des amendes.7

Les patrons du textile de la région de Fourmies ont obtenu l’interdiction de la manifestation du 1er mai. Ce qui aura pour conséquence de transformer une journée à l’origine pacifique en une journée de tension extrême qui mènera au massacre.

Le 29 avril les patrons, au nombre de 36 (un seul n’y participe pas), signent un manifeste : ils sont prêts à se défendre « collectivement » dans la « guerre » que leur déclarent les ouvriers.

Les presses de « la Tribune » sont utilisées pour le tirage des exemplaires du manifeste qui est distribué la veille de la manifestation. De plus, un tract (sous forme d’avis) est mis en place dans les usines informant les travailleurs que les grévistes seront sévèrement réprimés.

Auguste Bernier, industriel et maire de Fourmies, sous l’influence du patronat, négocie avec le sous-préfet l’appel aux troupes depuis le 21 avril. A Fourmies (et à Wignehies), le soir du 30 l’infanterie débarque. La manifestation est maintenue.8

Le capitalisme industriel, comme un classique, utilise la répression par l’occupation militaire pour faire maintenir la subordination ouvrière.9

Utilisant le journal de « la Tribune du Nord », les industriels justifient l’arrivée des troupes (une compagnie d’infanterie à Fourmies (200 soldats) et une autre à Wignehies) :

Excitations et menaces criminelles d’agitateurs étrangers à la région.

Les ouvriers se laissent convaincre alors qu’ils sont les mieux rétribués que n’importe où ailleurs.

En réalité, les ouvriers gagnent la moitié du salaire de leurs camarades de Roubaix, travailleurs du textile. En dix ans, la réduction de salaire des ouvriers est de 50 %, alors que la fortune des industriels va en augmentant.10

Journée du 1er Mai :

5 heure du matin : Culine, accompagné de 200 grévistes essaye de faire débrayer la Sans-Pareille, usine importante de Fournies. Les gendarmes arrivent, appelés par le Patron. Les ouvriers chantent : la Marseillaise et les 8 heures. La tension monte.

6 heure, la 1ère arrestation à lieu et elle est ensuite annulée. 30 grévistes sont chassés de la cour de la filature Flament par une escouade du 84ème RI appelée par le patron.

A partir de 7 heure, les débrayages s’accentuent, le nombre de grévistes est important.

A 9 heure, ils se rendent à Fourmies. Sur le chemin, les ouvriers les plus déterminés essayent de convaincre les non-grévistes. Un ouvrier est arrêté par les gendarmes. La tension monte. Cinq gendarmes à cheval chargent la foule (2 000 personnes), le peuple présent est stupéfié et indigné. Il répond par des jets de pierres. Cinq manifestants sont arrêtés et enfermés à la mairie. Arrivée de nouvelles troupes, une 4ème compagnie du 84ème RI et la compagnie du 145ème RI sous les ordres de Chapus.

10 heure : à la place de la mairie sont présents : les délégations ouvrières, des femmes, des enfants … environs 800 personnes. La tentative de faire évacuer la place par les gendarmes se solde par un échec et l’arrestation de 2 autres ouvriers.

Culine, sur le perron de l’église, exhorte au calme et à la continuité des festivités.

La place est évacuée par des tirs en l’air.

11H30 – 13H30 : des délégations ouvrières sont reçues par le maire qui reporte de quelques heures la libération des prisonniers ; ce qui aura pour conséquence d’accentuer la tension populaire, et ainsi l’annulation des festivités.

16 Heure : le maire de Fourmies, le sous-préfet et le substitut du procureur se rendent chez M. Boussus. On peut supposer que l’entrevue à portée sur les événements du moment : la libération des ouvriers prisonniers et les sanctions futures à l’encontre des grévistes.

Ceci est révélateur de la complicité qu’il existe entre le pouvoir d’Etat et le chef du patronat.

A 16H30, les manifestants occupent le coin Noizet où ils seront frappés et dispersés par les gendarmes à cheval.

17 heure, à proximité du coin Noiset, à Fourmies la foule se rassemble pour obtenir la relaxe des prisonniers .

Les autorités de retour de chez Boussus traversent la place et pénètrent dans la mairie.

18H30 : la tension est extrême. Chapus fait reculer son infanterie, le tir en l’air ne fait plus reculer la foule. La compagnie fait feu sur la foule : 9 morts et 35 blessés.11

Sont tués : 4 jeunes filles de balles en pleine tête, le porte drapeau (bleu, blanc, rouge) de 5 balles, 2 enfants de 11 et 14 ans. C’est la première utilisation des nouveaux fusils Lebel, dont la presse avait fait tant de propagande en mai 1890.12

Les journaux baptisent l’évènement : la fusillade de Fourmies.

La séance des ministres qui suivie les faits semble vouloir éviter le sujet, mais le député Roche présente une chemise ensanglantée. L’homme qui la portait avait 30 ans, le plus âgé des fusillés, 6 balles tirées de face et 5 dans le dos.

La censure et l’exclusion du député sont prononcées.13

La hiérarchie catholique essaie de faire oublier sa complicité avec le patronat à l’aide de la presse en montrant le curé Margerin s’interposant entre la foule et l’armée, alors que celui-ci n’était intervenu qu’après la fusillade pour soigner les blessés.14

Culine est arrêté le 11 mai, Lafargue fin mai, ils sont accusés d’incitation au meurtre contre des partons. Au procès les témoins liés au parton Boussus sont : le directeur de son établissement (Charié), son contremaître.

A la déposition de Charié, une pétition signée par 200 ouvriers conteste son témoignage, mais ils sont intimidés par les gendarmes.

Boussus, cités plusieurs fois, ne comparaît pas.

Culine est comdamné à 6 ans de réclusion, Lafargue à 1 ans.15

Le Lock-out de 1200 ouvriers est prononcé et est mené avec l’aide de l’armée par 3 patrons, des ouvriers sont renvoyés. La grève continue, par solidarité, mais la faim annonce la reprise du travail.16

Lafargue est élu le 8 novembre 1891 à la 1ère circonscription de Lille, alors qu’il est en prison. Les députés votent à main levée sa libération. C’est un événement important, le gendre de Karl Marx représente l’entrée du collectivisme au parlement, une belle revanche populaire.17

Le massacre de Fourmies est l’évènement fondateur du SFIO.

4 : page 53 « L’envers d’une fusillade, Fourmies, 1er mai 1891 » de Odette Hardy-Hemery ed. L’Harmattan, 1996.

5 : page 71 « L’envers d’une fusillade, Fourmies, 1er mai 1891 » de Odette Hardy-Hemery ed. L’Harmattan, 1996.

6 : page 76 « L’envers d’une fusillade, Fourmies, 1er mai 1891 » de Odette Hardy-Hemery ed. L’Harmattan, 1996.

7 : page 78 « L’envers d’une fusillade, Fourmies, 1er mai 1891 » de Odette Hardy-Hemery ed. L’Harmattan, 1996.

8 : page 85 « L’envers d’une fusillade, Fourmies, 1er mai 1891 » de Odette Hardy-Hemery ed. L’Harmattan, 1996.

9 : Page 86 « L’envers d’une fusillade, Fourmies, 1er mai 1891 » de Odette Hardy-Hemery ed. L’Harmattan, 1996.

10 : page 117 « Les grandes luttes de la France ouvrière » d’Alain Rustenholz ed. Mathilde Kressmann, 2008.

11 : pages 88 à 93 « L’envers d’une fusillade, Fourmies, 1er mai 1891 » de Odette Hardy-Hemery ed. L’Harmattan, 1996.

12 : Page 118 « Les grandes luttes de la France ouvrière » d’Alain Rustenholz ed. Mathilde Kressmann, 2008.

13 : pages 72-73 « Les fusils du 1er mai ou la chronique de Fourmies » de Roger Bordier ed. Messidor, 1991.

14 : pages 91-92 « Les fusils du 1er mai ou la chronique de Fourmies » de Roger Bordier ed. Messidor, 1991.

15 : pages 99-100 « L’envers d’une fusillade, Fourmies, 1er mai 1891 » de Odette Hardy-Hemery ed. L’Harmattan, 1996.

16 : pages 101, 102 et 104 « L’envers d’une fusillade, Fourmies, 1er mai 1891 » de Odette Hardy-Hemery ed. L’Harmattan, 1996.

17 : page 119 « Les grandes luttes de la France ouvrière » d’Alain Rustenholz ed. Mathilde Kressmann, 2008.

18 : page 107 « Les fusils du 1er mai ou la chronique de Fourmies » de Roger Bordier ed. Messidor, 1991.

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